Un bateau, une histoire

 

UN BATEAU, UNE HISTOIRE

"RAUBER", runabout Monsun construit par W. Schneider à moteur DKW

Tout droit récupéré dans l'ex "Allemagne de l'Est", "RAÜBER" est depuis quelques années la propriété de la famille Guérin....

A l'origine...

Le chantier "original schneider",baséà berlin fut créé en 1932 par Mr Schneider qui construisit j'usqu'en 1979 des bateaux en bois, equipés pour la plupart de motorisations typiquement est-allemandes.

Acheté sur photos dans la région de Bayreuth, Le petit Raüber (signifie "Le Brigand" en allemand) était parfaitement conforme à l'annonce de Jens Brozel, propriétaire du bateau, parlant un français parfait. Cela nous a beaucoup aidés, mon allemand scolaire étant vraiment juste!

Le moteur, refait à la perfection était démonté, ainsi que l'ensemble de l'accastillage, mais tout était bien rangé dans des caisses etiquetées. la coque, perçée d'un large trou dans le fond, etait néanmoins vraiment très saine. Bateau chargé sur la remorque (la coque seule ne pèse pas 100 kilos), moteur dans le coffre (au moins 80 kilos!), repas typiquement allemand et bière avalés, c'est avec un petit pincement au coeur que Jens dit adieu à son bateau tant désiré, mais vendu par manque de temps et de place.

L'adieu ne fut en fait qu'un au-revoir, puisque Jens se decida à nous rejoindre au Thoureil, bravant les 2500 km de voiture allez-retour, où la primeur de conduire "Raüber" lui revint, et non sans une certaine fièrté.

A gauche, photo du bateau lorsqu'il a été vendu neuf. C'était le premier d'une série de 9

Cette photo a été transmise à Olivier par Taco Vonk, propriétaire des bateaux Schneider aux Pays-Bas (vous trouverez quelques photos de ses bateaux à la fin de l'article)

Puis la restauration

La restauration ne posa guère de probème à Hervé Fressard, assisté de moi-même pour les basses taches : décapage complet intérieur/extérieur. L'acajou en très bon état de conservation ne nécessita pas de réparation particulière, quelques couples à reprendre et une planche du fond pour remplacer celle manquante, la coque n'attendait plus que les couches de vernis pour retrouver sa superbe.

le moteur DKW

Remontage du moteur, solutions est-allemandes (quand on n'à pas de pétrole,....) extrèmement simples et fonctionelles, à la portée d'un débutant (cela tombe bien, c'est mon bateau!), le faisceau électrique était perfectible compte tenu du départ de feu dans le compartiment moteur sur le canal de Caen !

Depuis, ce bateau est le chouchou de la famille Guérin, Victor le conduit depuis ses 5 ans. Léger (300 kgs le plein fait), relativement performant pour les 22 cv de son moteur DKW IFA de 700 cc deux temps inboard (est-allemand on vous a dit!), il démarre au quart de tour et emmène épouse, enfants et surtout mari, sans rechigner.

7 bateaux de ce type furent construits, dont il subsite 3 exemplaires à ce jour, les autres ayant brulé dans un incendie du chantier Schneider. Celui que je possède est le bateau personnel de Wolfang Schneider, et le premier de la série des "monsun" (mousson en allemand).

Deux des bateaux de Taco Vonk

Monsun à moteur Wartburg 55 cv-restauré par Wolfgang Schneider
Modèle "HE", ultraléger, construit par W. Schneider à l'âge de 16 ans, en 1966 ; il est équipé d'un moteur DKW pour une vitesse de 52 km/h

Tout sur Schneider sur www.oldieboote.de

 

Ne quittons pas l'allemagne : quelques images d'un autre chantier

Bateau "rapide" 2 litres - 5 m x 1,50 M - vitesse 60-75 km/h

Ci dessus et ci-contre :

Canot automibile 9,5 m x 2,36 M

Moteur 300 cv

 

Bateau de course 4,80 m x 1,60 M, classe internationale des 350 kg- vitesse 111 km/h

 

Martine et Alain Bocquet nous présentent "OURAGAN"

La rencontre
En juin 1996, Alain Bocquet et Antoine B. participèrent au rallye "Beaux Châteaux-Belle Gironde", organisé par Joël Perrodo et Daniel Charles. La mise à l'eau eut lieu au musée de Bordeaux (ancienne base sous-marine reconvertie) où étaient exposés des bateaux à voile et à moteur ; c'est là qu'ils aperçurent pour la première fois OURAGAN. Stupéfait, Alain jura qu'il était prêt à ne plus fumer aucune cigarette pour avoir un jour un tel bateau. Antoine, d'esprit plus réaliste, calcula les économies pouvant être ainsi réalisées et trouva l'année 2020 pour l'acquisition. Mais le destin allait frapper à la porte d'Alain quelques 4 ans plus tard...

L'acquisition

Nous sommes à Port Saintry et le musée bordelais ayant fermé ses portes...

Le propriétaire d'Ouragan qui se trouvait être aussi celui de Rafale XI cherche à vendre rapidement au moins un des deux bateaux. Alain vendra sa DB Panhard de course... et se mettre à fumer la pipe.

L'histoire

Ouragan, issu de la prestigieuse famille des Rafale avec Yzmona en 1933, Rafale V en 1934, Ouragan en 1935, Rafale VI en 1936 et Rafale XI en 1937 fut construit par Lucien Chauvière d'après les plans de l'ingénieur hydrodynamicien Galvin. Lucien Chauvière se rendit célèbre en construisant l'hélice du Blériot XI et en décrouvrant la technique révolutionnaire du lamellé-collé, technique qu'il peaufinera au fil des ans dans son laboratoire de recherche sur les colles à bois dans son usine à Vitry sur Seine. (photos ci-dessous : archives Société d'histoire de Vitry sur Seine)

Lucien Chauvière
L'usine de Vitry sur Seine
Fabrication d'une hélice en lamellé-collé

 

C'est pour répondre à la commande de l'industriel Emile Picquerez qu'il construira chaque année un racer différent.

Yzmona V d'après une gouache de Juléry-Raynal - 4 juillet 1933 record du monde des 12 litres à 125,17 km/h
Rafale V Aurora 36 litres. Unique racer français ayant couru en catégorie "illimité"
Rafale VI, appelé aussi Piva record du monde le 8 juillet 1937 à 140,61 km/h - Participe à la Gold Cup à Détroit en 1937 - cf photos d'archives
Rafale XI - Photo Henri Perrot

Ouragan se différencie des autres par ses quatre places et son mode de propulstion (hélice aérienne). Il répondait à une demande de l'état français pour le transport fluvial de marchandises avec faible tirant d'eau dans les colonies d'alors. L'Italie, l'Angleterre et la France avaient créé un prix spécial pour ces hydroglisseurs qui devaient répondre à trois critères :

Une fois les conditions remplies et le bateau engagé sur trois courses, l'état français remboursait la construction du bateau.

Nous retrouvons la trace d'Ouragan dans la famille Allégret. Il fut stocké ainsi que Rafale XI dans une péniche à Suresnes dans les années d'après guerre et découvert récemment dans les années 90.

La Restauration

Après son acquisition par Alain, le bateau fut transporté en Seine et Marne où telle la Belle au Bois Dormant il y resta jusqu'à la tempête de 1999. Son sommeil devait se prolonger jusqu'en 2004, année où il partit vers Argentan, fief incontesté d'Hervé Fressard qui le restaura. Là, le bateau fut déponté.et examiné en tous points. Chance extraordinaire, les fonds étaient parfaits et ne nécessitaient qu'un ponçage avant application des vernis

Les vis d'origine sans aucune trace d'oxydation remplissaient toujours leur fonction.

Hervé travailla en un temps record pour la restauration des bois. Le plus fastidieux et le plus ingrat a été le grattage des fonds.

Le repontage fut réalisé avec de l'acajou, 6 millimètres pour les côtés et 4 millimètres pour les parties très courbées.

Après l'application d'un fond dur sur tout le bois, la phase de peinture pouvait commencer avec une intéressante recherche sur la couleur réelle du "Bleu de France".

Ponçages et vernis se succèdent pendant les mois d'hiver où Hervé dut maintenir en permanence une température constante dans son atelier.

Le puzzle s'assemble, les accessoires retrouvent leur place avant la sortie de l'atelier

Première sortie... il a fallu poser le ber sur une remorque fabrication "maison"

Pendant ce temps là, Alain et Martine retrouvaient la trace à Beauvais du moteur d'origine d'Ouragan, moteur Hispano-Suiza V8 12 litres .

 

 

Dépités devant le prix et l'état du moteur incomplet, une course à la recherche de l'oiseau rare allait s'engager.

Le dilemne

Refaire la motorisation d'origine (moteur Hispano-Suiza + hélice aérienne) débouchait sur l'impossibilité de s'en servir car l'hélice représentant un danger, les assurances auraient refusé de couvrir ce risque.

Le choix s'est donc porté sur un moteur moderne et fiable avec le même système de transmission que Rafale XI à savoir un Z-drive d'une utilisation plus aisée. C'est alors que les routes d'internet s'ouvrirent et qu'une opportunité se présenta sous la forme d'un moteur Mercruiser V8 avec une embase Z-drive course.

Mercruiser V8 - 8,9 litres - 575 cv
Embase Mercruiser course

Pour installer cette motorisation, Alain prit soin de ne pas transformer la structure du bateau afin de rester au plus proche de l'état d'origine.

Il reste désormais à couvrir le dessus du moteur et adapter la pointe arrière. A l'instar de Rafale XI une cellule d'avion en aluminium en deux parties sera utilisée.

Ouragan retrouve sa cocarde et son numéro 12-F18

Sa première sortie après restauration

Les 3 & 4 septembre 2005, présentation d'Ouragan à CAEN

Gageons que l'année 2006 verra sa mise à l'eau...

Martine et Alain Bocquet félicitent et remercient Hervé Fressard pour la qualité de son travail respectueux de la tradition des meilleures constructions françaises de l'époque.

On se met à rêver qu'un jour, quelque part dans le monde, se tiendra une réunion de la tribu RAFALE / OURAGAN...

Quelle photo de famille !

Ouragan : première mise à l'eau après restauration, ça y est...

C'était sur le Lac de Rabodanges, le samedi 14 avril 2007

sous le contrôle d'Hervé, le sorcier du Lac et de la mécanique !

 

Mise à l'eau et derniers réglages

Ca marche : Premiers tours d'hélice sous le contrôle d'Alain
C'est parti : premier virage

L'équipage : Alain et Hervé

C'est au tour de Martine... attention au brushing !

Alain et Martine : des propriétaires heureux
Cela méritait bien une petite coupe !
Le baptême

 

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Histoire complice entre Antoine Benoit et Miss Paris, British Power Boat 1938 à moteur Perkins

 

C'est une histoire qui a commencé en 1998... un jour, Alain B. dit à Antoine : "Je connais un jeune, à Paris, qui veut vendre son bateau ; attiré par les bateaux classiques, il l'a acheté il y a 2 ans à la célèbre vente aux enchères de Fontainebleau, mais ce bateau ne marche pas bien ; c'est un chantier anglais, il date de 1938. Il a un problème et il en a assez : il va le vendre ! ; si tu peux, achète-le sinon il risque de quitter la France !" Et ce fut fait ! Il s'agissait d'un British Power Boat, équipé d'un moteur Perkins.

Sans même l'essayer, nous partons cet été là sur le Lac de Windermere, au nord de l'Angleterre : on verrait bien sur place !

1ère mise à l'eau, 1er essai : le bateau avançait mieux en marche arrière qu'en marche avant, le diagnostic était vite fait : l'hélice tournait dans le sens opposé à celui du moteur !

Sortie de l'eau, le bateau se positionne mal sur la remorque (qui n'était pas adaptée), le fond de la coque n'a pas supporté, le bateau s'est enfoncé sur les longerons dans un craquement sinistre

 

C'est la consternation ! D'autant qu'il était prévu que nous allions un mois après à Aix les Bains, pour Navig'Aix

Antoine prend alors contact avec un restaurateur de bateaux à Aix afin qu'il le récupère et qu'il puisse refaire les fonds. Les anglais qui se rendaient également à Aix en spectateurs remorquèrent Miss Paris tandis que nous tractions un autre bateau pour le rallye. La saison se termina donc sans participation de Miss Paris.

Sa sortie suivante eut lieu en juillet 1999 dans le cadre du rallye "Paris-La Mer", à la rencontre de l'Armada de Rouen sur la Seine. C'est là que les choses se sont définitivement cassées :

l'inverseur qui avait été malmené, a rendu l'âme alors que nous étions à peine sortis de Paris...

 

 

Antoine constate les dégats !

 

Une grande décision s'imposa alors : il fallait tout reprendre de A à Z et donc s'y consacrer entièrement, et pour cela Antoine se résigna à revendre son Chris-Craft.

C'est alors que la coque fut conduite chez Hervé Fressard pour refaire les vernis.

Le moteur quant à lui, fut confié à un ami à Amiens dont le métier est de rectifier des moteurs, cet ami ayant vécu longtemps au Maroc et travaillé pour la marine, notamment sur des moteurs Perkins.

Le moteur restera chez lui plus de 3 ans... la difficulté étant de trouver des pièces de cette époque.

plusieurs devis ont été faits pour faire refaire des pièces à neuf à partir des anciennes ou ce qu'il en restait, tous inabordables...

Entretemps, nous avions acheté notre moulin. Les recherches de pièces n'avançant pas ou si lentement, Antoine a pu passer du temps sur la restauration... du moulin !

Puis, en 2001, lors d'un déplacement au Beaulieu Boat Jumble, des contacts ont été repris avec l'Angleterre et Antoine a été mis en relation par des amis anglais avec Chris Harris ; il habite près de Southampton et connait, ou est en relation, avec le Musée de la Marine Nationale. Il a pu faire des recherches sur place et Antoine, un samedi d'avril, est allé le rejoindre chez lui en prenant le Ferry au Havre.

Accueil extrêmement chaleureux à 6 heures du matin, Chris l'a baladé toute la journée pour lui montrer le résultat de ses investigations : "celui-ci est trop cher, il faut attendre, je veux négocier, celui-ci est fermé, ..." Chris avait également pris contact avec le musée, qui s'est montré très intéressé : "on ne connait que deux exemplaires de ce bateau, il s'agit du modèle Sea King : l'un est à Londres et a été remotorisé avec un moteur moderne, et Miss Paris" et au grand étonnement et aussi au grand plaisir d'Antoine, de rajouter "nous avons quelques moteurs ici au musée, prenez les pièces et les éléments que vous ne trouvez plus pour restaurer votre bateau ; la seule chose que l'on vous demandera sera de nous envoyer des photos quand il tournera".

C'est ainsi qu'Antoine revint le soir même avec 2 inverseurs et les joints de culasse. La restauration pouvait donc reprendre.

Moteur Perkins

Nez d'inverseur

Villebrequin

Opération Polissage !

En septembre 2003, nous prenions quelques jours de vacances et nous faisions les lacs italiens : Orta, Maggiore, et Como. Nous savions qu'il y avait un musée sur le lac de Como et bien que l'Office du Tourisme nous ait indiqué qu'il était fermé, nous nous en sommes approchés : et là, chance extraordinaire, nous sommes arrivés en même temps que Gianalberto, le propriétaire du musée qui venait de Milan pour une visite de chantier ; et très gentiment, il nous a offert une visite privée du musée alors qu'il avait bien d'autres choses à faire : nous n'oublierons jamais ces moments d'exception. En le quittant, il nous a dit "En juin prochain, nous organisons un rallye ici sur le lac, il faut venir!"

Ce fut chose promise ! Miss Paris serait restauré pour le rallye

La suite, certains la connaissent : plusieurs membres du Cercle ont participé en juin 2005 à ce magnifique rallye : Miss Paris a remporté les prix les plus prestigieux

Navigation sur le Lac de Come

Soirée à la Villa d'Este

Et entretemps, Henry-Jacques en chinant, à Bruxelles, est tombé sur le catalogue d'époque : il n'a pas résisté...et nous en a transmis un exemplaire : extrait ci-dessous