Un chantier, une histoire : Kirié

 

 

Un chantier français : "Kirié"

Chantier français créé par Auguste Kirié, qui après avoir travaillé dans des chantiers navals sur les bords de Marne et les quais de Seine s'établit à son compte en tant que loueur de bateaux. Puis, en 1927, il s'installe aux Sables d'Olonne et ouvre un chantier à son nom. Son fils Claude, né en 1917, rentre au chantier dès l'âge de 13 ans pour y faire son apprentissage.

Malgré la crise, le chantier produit quelques canots et dinghies. En 1942, en pleine guerre, Claude prend la direction du chantier, ce qui lui évite un départ pour l'Allemagne.

Le modèle le plus ancien du chantier, qui existe encore aujourd'hui est un hydroplane de la classe C datant de l'avant guerre, 1936, il s'agit de celui de Nicolas G. qui souhaite le restaurer. Vous le retrouverez dans la partie "Kirié et la compétition" de l'article

 

Le chantier poursuit ses constructions : dans les années 50, le dinghy prend le pas sur toutes les autres constructions, toujours construits à partir de plans maison. Les modèles se diversifient, avec toujours la compétition comme terrain d'essai. Le chantier emploie une vingtaine de personnes.

Au catalogue , sont présentés des modèles exclusivement construits en bois : 1 canoë, 4 dinghies, 3 runabouts, 1 cabin cruiser et 2 hors bord de course.

Dans les années 60, le chantier, comme les autres chantiers, s'intéresse au polyester, mais Claude reste un ardent défenseur du bois, surtout pour les bateaux de course. A ce moment-là, Kirié est représenté par 23 revendeurs, plus des agents à Monaco, Oran, Alger, Bone, Beyrouth...

Au catalogue de ces années là , la gamme bois, en plus des polyester, comporte 5 dinghies, 1 runabout, 1 cabin cruiser et 1 hors bord de course (merci à Gérard M. pour son catalogue des années 60).

Dans cet article, nous aborderons successivement :

Les unités en bois : dinghies, runabouts, cabin cruisers,

La compétition

Les unités en polyester (à suivre)

Les dinghies :

le plus petit de la gamme : l'EMERAUDE. Dans les années 50, il s'appelait "Dinghy 390"

Alban G. en possède un, il l'a restauré à la perfection et navigue...

En navigation sur la Rance

D'autres survivent ; ils ont parfois changé de mains à plusieurs reprises ...

Ci-contre, dans les réserves du musée maritime de la Rochelle, en bas et à gauche de la photo, un Emeraude

En milieu de gamme : le JADE 420. Dans les années 50, il s'appelait "Dinghy 420 Sport "

Jean-Paul Y. vient de faire l'acquisition d'un Jade 420 qui était dans un garage depuis 25 ans, le premier exemplaire que nous répertorions. Il a décidé d'en faire la restauration et nous lui envoyons tous nos encouragements.

Jean-Edouard en possède un qui a été entièrement restauré : en juillet 2017, il le met en vente...

 

Le modèle au-dessus : le VERMEIL 460. Dans les années 50, il s'appelait "Dinghy Haute Mer"

Nous en avons répertorié plusieurs exemplaires : certains ont changé de propriétaire, d'autres sont en cours de restauration ou sont maitenant restaurés...

Des photos d'ambiance, prises en 1959 par Pierre L., qu'il souhaite nous faire partager

"On assiste à l'arrivée de Saint Malo avec trois passagers à bord, escale à Dinard et ensuite un petit galop d'essai sur la Rance , au cours duquel , seul passager , j'ai photographié le moteur et le sillage..."

Les runabouts :

Très bel attelage : un runabout Sport sur sa remorque OLD, tracté par une Simca Régence

Le modèle "GRAND TOURISME"

Serge & Théo M. en possèdent un exemplaire, restauré, comme tous leurs bateaux, à la perfection

Le modèle "GRAND LUXE" : exposé au salon nautique en 1958

A ce jour, nous n'en avons répertorié aucun.

Le modèle "SPORT" : ce modèle a connu plusieurs versions : arrière arrondi, type Liuzzi, et arrière droit - construction double bordé ou contreplaqué marine hydro de chez SNBCC

Nous en avons répertorié deux à l'arrière arrondi : le premier appartenant à Michel R. ( 3 photos ci-dessous) et le second "Bill" appartenant à Henry-Jacques P.

Ci-dessous, "Bill" : vous pouvez retrouver son histoire en cliquant ici.

Deux propriétaires de ce modèle construit avec un arrière droit nous avaient contactés, il y a déjà un certain temps : aujourd'hui, nous ne savons pas où les bateaux se trouvent. Mais, compte tenu du nombre d'exemplaires construits, il en reste certainement...

Ci-dessous et à droite, un exemplaire qui se trouvait au conservatoire de la plaisance de Bordeaux...

Quelques modèles ont suivi :

1959 : un palonnier remplace le volant

Modèle équipé d'un moteur Perkins

Modèle Como équipé d'un moteur OMC

1963 : Modèle à moteur Chrysler

Modèle équipé d'un moteur Mercruiser

Les cabin cruisers :

ci-contre, exposition en 1959

en version polyester

Kirié et la compétition :

Les Hydroplanes

Comme nous l'avons dit au début de cet article, le modèle le plus ancien est un Hydroplane qui existe toujours, appartenant à Nicolas G qui souhaite le restaurer.

Il s'agit d'un hydroplane à simple redan, mesurant approximativement 3,20 m de long sur 1,20 m de large caractérisé par les membrures en bois scié (acajou), les fonds, à clins, en acajou de 6 mm d’épaisseur, le tableau en acajou (verni d'origine) qui comporte à droite une plaque constructeur en laiton (ci-contre).

Les planchers et le « pontage » sont en contre plaqué marine verni de 4mm d’épaisseur. Le pontage semble avoir été refait (fixé par des pointes en acier et non par des rivets en cuivre comme pour le reste du bateau) ; (à l’origine il était peint ?)
Deux poulies extérieures en aluminium font partie du système de direction ; deux dérives en aluminium sont sous la coque.

C'est sur des hydroplanes de ce type que Claude Kirié fait ses premières courses au début des années 50.

Les pilotes lors d'une course à Missillac

Pierre L. possède un autre hydroplane de ce type ayant appartenu à Christian Dumont, plusieurs fois Champion de France, recordman du monde en 1958 à plus de 96 km/h (photo de droite : article du 22 mai 1958, Ouest France, archive Pierre L.)

 

Dans les années 60, la forme du pont a évolué, le numéro 10 était piloté par Nold.

Les dinghies :

Claude Kirié, vainqueur des 6 heures de Paris en 1960 sur un modèle de série Milan 500

des Kirié en course au début des années 1960, dont en haut à droite, une coque polyester pilotée par Arnihac vainqueur à Milan en 1962 (numéro 37 pour l'Italie) , et au dessous, aux commandes Clicheroux

Les runabouts :

Plusieurs Kirié, arrière rond et arrière droit au départ des 24 h d'Aix les Bains 1958

R. Pomar sur Bill 6 h Paris 1956
Cochard aux 6 h de Paris
Metton aux 6 h de Paris

Ci-dessus : Viry aux 6 h de Paris 1959 sur Kirié à moteur Lotus

 

Ci-contre de haut en bas : Brunet aux 6 h de Paris 1957 et Cadéac aux 6 h de Paris 1958

Thiriez en 1960

Clicheroux Champion d'Europe en 1961 sur Kirié à moteur Maserati. Ce bateau existe encore ; il se trouve en région bordelaise, malheureusement sans son moteur (photos ci-dessous).

 

 

La course à la Mer en 1960 et 1961

Claude Kirié aux 6 h de Paris

Claude Kirié sur bateau N° 3, coque Kirié sous licence Jim Wynne (célèbre designer et pilote américain décédé en 1990)

Michel Parrat sur bateau 54 sur lequel C. Kirié a trouvé la mort aux 6 h de Paris en 1964

La coque ci-dessus vient de nous être signalée ; modèle de course à l'avant effilé comme les coques 83 et 47. A notre connaissance la seule restant de cette époque prolifique. (elle n'est malheureusement plus dans cet état !).

En octobre 1964, lors des 6 h de Paris, sous le pont de Bir-hakeim, à bord de son runabout équipé d'un Volvo 110 CV, Claude perd le contrôle de son bateau qui percute le quai. Il est alors évacué vers l'hôpital Boucicaut où il décèdera à l'âge de 47 ans. Pilote émérite, il avait une telle avance au classement de la course qu'il sera malgré tout classé 7ème.

Le chantier continue... Avant la disparition de Claude, le chantier s'était agrandi pour occuper 1800 m2. Ci-dessous, photo de l'inauguration du chantier et à droite Claude au milieu de son équipe.

 

Kirié et les constructions polyester :

Canardier 360

Pêcheur 390

Mervent 390

Modèle de 1968

Bandol 400

Calvi 425

Gulf-Stream 460

 

Paris 500

Gamme Océan

Elle comportait différents modèles, de 12 à 22 pieds, équipés de moteurs volvo de 80 à 110 cv, et pour certains de moteurs hors bord.

Océan 18
Océan 17
Océan 17 de Stéohane C.

Dans les années 70, le chantier s'oriente vers la pêche promenade (ange des mers 750) et la voile. Dans les années 80, le chantier fait partie du groupe MCP, Christian Kirié rejoint la société et crée la gamme Daytona (1987,1988).

En fin d'article, revenons sur quelques publicités de l'époque, différentes plaques constructeurs, et le petit cadeau offert par la maison...

 

 

 

Cet article n'a pas vocation à être exhaustif ; il ne demande qu'à être complété.... en attendant, nous remercions vivement toutes les personnes qui nous ont donné informations, documents, ...